juillet 2021Mot du jour

Choix et Mouton

Choix

« Souvent qui choisit prend le pire. »
                                                          Corneille

Nos choix sont remplis de confusions.
Ils reflètent un individualisme dérisoire et catastrophique.


Pourtant un Choix primordial est déjà ancré.
L’acceptation, semble enfin la page à écrire, le réel accosté, la noyade salvatrice.
Ne plus posséder le choix devient alors un instinct, une liberté, une responsabilité, un élan.

Surgis souvent dans la palette des mots exprimés, une ambiance pâteuse quant à nos engagements. Un certain désarrois flotte.
A
uto-gérer les actions prochaines devient difficile. Lesprit confus penche dans des hésitations aux allures intelligentes et libres. On se laisse balloter et du coup, lune comme lautre de la décision de dernier moment est sans enthousiasme ni feu sacré.
Bien sûr un empêchement inattendu peut arriver, alors il sera toujours temps de s
y adapter. Mais on en est point là, donc perte d’énergie dy consacrer cogitations et analyses stériles.
C
est cela même qui peut amener un empêchement de dernière minute.
Laissez le plus possible toutes les pensées de pour ou contre qui ne sont que confusions, oppositions, dualités, séparant le Vrai et le Faire.
Alors on se réjouit quelque soit la résolution.
Notre futur est programmé dans la répétition de nos histoires malheureuses sans fin par manque justement de cette Décision non calculée qui porte, qui remplit et réjouit à l
instant où on ÇA décide.

Bernard juillet 2021

Mouton

Il fut un temps où l’âne solitaire m’inspira quelques réflexions sur les enseignants souvent plus gouteux de leur pouvoir illusoire que des investigations toutes intérieures que pourraient suggérer leur pratique.

Le mouton aussi, noble animal, pourrait par son troupeau figurer l'ensemble des pratiquants peu scrupuleux quand ils s’engagent dans une pratique. Ils font régulièrement le mauvais choix, celui des apparences et des superficialités exotiques et spirituelles. Et l’on pratique, on agit, on pense, au fil de ses intérêts du moment qui ne sont que des ambiances stéréotypées, dictées et imposées à notre insu.

Comme autrefois avec l’âne, je prie l’ auguste broutard, de pardonner cet écart que j’utilise à son sujet.

Ainsi, pratiquants, enseignants, dirigeants, peuple, gouvernants, élus se fondent et construisent un amas insipide et médiocre. Tous les systèmes sociaux construits jusqu’à lors, semblent s’opposer au cœur authentique de l’Homme.

Le monde nature se tord, les guerres sont à nos portes et menacent insidieusement. Tout est combattu, avec la peur au ventre et un égocentrisme à toute épreuve. Les moutons marchent en rang, tous persuadés du droit légitime à l’individualité.

Nous sommes au plus haut point de l’aveuglement.

Le mouton se transformant en lion comme la carpe en dragon ne figure pas au programme. Les stratégies sont toutes autres, elles se nomment argent, carrières, vacances, loisirs, pouvoir …
Quand on rentre sincèrement dans une pratique, c’est justement pour perdre ce pouvoir superficiel et rejoindre nos capacités, la souveraineté qui nous habite,
notre royaume. Le pratiquant, le maitre sont des guerriers.

Tous les outils qui sont enseignés nous invitent à nous enfoncer dans les profondeurs de notre coeur et voir enfin ce qui pourrait s’y dissimuler.
Remporter la victoire c’est défaire le désir de compétition dans sa propre conscience. De nombreux conflits nous habitent, le faire bien et celui que l’on fait, ce que l’on voudrait dire et ce que l’on dit, nos habitudes et nos modèles… Apaisons les affrontements qui se bousculent. Ces collisions constantes génèrent pensées, jugement, déception, attente… une très grande perte d’énergie ! Non seulement la bousculade intérieure ne suffit pas, mais nous l’étendons à notre entourage. Certains silences déguisés deviennent des vents contenus, vents de folies et de conflits.

Nous sommes des guerriers et le soi-disant échec est un trésor, une porte à notre coeur. Rester debout et droit et jusqu’à l’ultime instant, demeurer débout et droit.
Souvent les « faires » sont maladroits, avec erreurs ou simplement dans un manque de pratique, mais une innocence, une générosité, un élan, un vent, un don émerge et rend l’évènement d’une beauté incroyable et bouleversante.

Les enfants ont cette capacité.

J’eus le privilège de rencontrer un jour quelques instants un archer dont le visage était défiguré, probablement un accident grave. J’avais du mal à le regarder en face tant la souffrance de ses traits me gênaient. A l’instant où il tira, son visage défiguré m’apparut soudain d’une beauté incroyable, j’en fus très ému et je le remerciais en silence d’avoir montré et dévoilé son coeur admirable.

Oui nous sommes des guerriers !

Bernard, fin juillet 2021