Mot du jour du 12 mai 2017

Clin d’oeil

Un clin d’œil, un battement de paupière, le frémissement d’un cil, cet instant au moment où il se fait, se trouve déjà relégué dans le passé.
Alors derrière le clin des yeux, à la fois complice et observateur du stratagème, on pourrait sourire indulgemment à cet instant qui aurait tendance à devenir pompeux en voulant à tout prix prendre une place de tout premier plan et cela, pour longtemps. Et oui, la place est néanmoins investie et défendue comme un pieu de misère.

Le clin des yeux, d’où a jailli d’entre la lisière arborée de cils luisants, une lumière aussitôt niée. Le clin des yeux, insupportable attention à la certitude.

Le clin des yeux, ouverture et fermeture instantanées, il dévoile nos fragilités, notre vulnérabilité et toute la brillance céleste de notre Etre.
Les petits enfants semblent tout ignorer de cette dérobade.
Ce passage, cette fuite, ce point de lucidité, dans l’intérieur d’un visage souvent effaré, pourrait au moins devenir un instant traversé et reconnu.
On fermerait juste un œil dans un léger sourire complice, l’autre restant ouvert comme pour ne rien perdre.

Le clin des yeux, est une larme effacée d’un revers de paupière.

Il y a aussi : deux grands yeux largement ouverts, d’où jaillissent des perles d’émotion.
Ou bien : des grandes paupières closes, d’où s’écoule pudiquement des larmes silencieuses.
Ou encore : l’éclat d’un regard souriant et son collier de petites rides joyeuses.

C’est l’existence allant et venant, reconnue, respectée, aimée dans le silence d’une attention inondée de gratitude.